#1 L’humeur du dimanche 3 juillet
Un geste simple : prendre un selfie pour inscrire un moment. Ici, des retrouvailles avec mon amie Héloïse que je ne vois plus qu’une poignée de fois par an car la vie a fait que nos trajectoires ne sont plus réglées sur le même fuseau horaire.
Voir Héloïse, c’est être ramenée à la jeune fille que j’étais lorsque je l’ai rencontrée, à dix-huit ans. Je me demande justement qui j’étais à ce moment-là, ce à quoi j’aspirais. Je crois que je ne questionnais pas autant le sens de la vie, l’amour, les directions que je prenais. J’étais allégée des doutes qui, il me semble, viennent avec le temps et les choix que nous faisons. Ces choix qui tracent un itinéraire, dessinent un horizon. C’est être ramenée aussi aux rêves que nous nourrissions, aux angoisses qui nous traversaient, aux rires et aux conversations qui résonnent encore dans ma mémoire.
Voir Héloïse, c’est contempler le passage des années, constater que tout change et en même temps rien. Chaque fois que nous nous retrouvons est l’occasion de faire le point sur ce qui nous a ému récemment, ce que nous avons réussi ou échoué, ce qu’il nous reste à accomplir. Ces interstices durant lesquelles nous nous reconnectons l’une à l’autre abolissent d’un seul coup les kilomètres qui nous séparent. Les aiguilles du cadran s’immobilisent. La dernière entrevue semble dater d’hier et la prochaine sera comme un lendemain. Peut-être est-ce ça, une véritable amitié.
Voir Héloïse, c’est la promesse renouvelée d’un futur côte à côte. En tout cas d’un futur qui ne s’envisage pas sans l’ombre de l’autre. C’est s’émerveiller de la connivence qui demeure et de la proximité de nos visions du monde, malgré l’éloignement de nos quotidiens. Cela n’a aucune importance lorsque deux cœurs se parlent : elle connaît l’intimité de mes questionnements et je connais les siens. Elle est l’une des rares qui sait les écouter. Peu de gens écoutent vraiment. Peu de gens entendent.
Nous avons pris ce selfie alors que nous allions nous quitter. Soudainement j’ai pensé que nous n’avions pas assez de photos ensemble ces dernières années. C’est réjouissant, parfois, d’incarner toutes ces traces immatérielles avec une image qui n’est pas que mentale.
Alors qu’elle prend la direction opposée à la mienne, je la regarde s’éloigner. Hypnotisée par le bleu de sa robe, j’attends qu’elle ait totalement disparu dans la foule pour me retourner. Je me demande quand mes yeux se poseront à nouveau sur elle. Sur le chemin du retour, je souris, irradiée par la chaleur de sa présence.
On porte en nous celles et ceux que nous aimons.
#2 Note à moi-même
« Plus je vieillis et plus je trouve qu’on ne peut vivre qu’avec les êtres qui vous libèrent et qui vous aiment d’une affection aussi légère à porter que forte à éprouver. »
Lettre d’Albert Camus à René Char, 17 septembre 1957
Je vous embrasse.
Toujours un plaisir de te voir en belle compagnie et à lire tes notes pleines d’amour❤️
Toujours un plaisir de te voir en belle compagnie et à lire tes notes pleines d’amour❤️